Entrevue Renzo Piano

Paul Clémence : Je regarde dans ton bureau et les modèles sont partout ! Des miniatures de bâtiments entiers aux détails structurels agrandis. Compte tenu de l’intégration des logiciels de modélisation 3D dans la pratique architecturale au cours de la dernière décennie, les modèles sont-ils toujours essentiels au processus de conception préliminaire ?

Renzo Piano : Faire l’un de ces modèles bruts revient à dessiner. Le modèle est une version tridimensionnelle d’un croquis. Avec l’ordinateur, vous devez lui dire exactement quoi faire ; où commencer, où s’arrêter. Quand je fais le croquis, je n’ai pas à dire au croquis où commencer, où finir. C’est instinctif. L’esquisse, comme le modèle, a la qualité de l’imperfection. Ni l’un ni l’autre n’a besoin d’être précis. Cela vous donne la liberté. Il vous donne la possibilité de changer. L’ordinateur est parfait au moment où vous ne pouvez pas être parfait. Faire des modèles et des croquis est très important dans cette première partie du processus, car au début, ce n’est jamais précis – si vous devez être précis, vous pouvez être piégé dans la forme, dans la forme. Et vous devez vous rappeler que le modèle n’est qu’un fragment – le seul endroit où tout se rassemble est l’esprit, même avec des choses comme la proportion et l’échelle. L’une des plus grandes erreurs qu’un architecte puisse commettre est de se tromper d’échelle.